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Publications

  • L'art subjectif

    La collection de Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi à l'abbaye de Beaulieu-en-Rouergue : un nouveau musée d'art moderne en Occitanie.
    Publication du catalogue du musée et mise en ligne de la collection.

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  • Les mots du geste dans la France du XVIIIe siècle

    Le centre de recherche HICSA de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avait organisé le 28 septembre 2019 un colloque sur la question de la facture de la peinture au XVIIIe siècle intitulé :

    Aux limites de l’étude matérielle de la peinture : la reconstitution du geste artistique

    Étant donné le sujet de mon HDR, j’étais très heureux de pouvoir y participer. J’ai proposé une communication sur

    « Les mots du geste dans la France du XVIIIe siècle »

    Les actes du colloque ont été publiés en janvier 2021.

    Voici le propos de ma contribution :

    "Comment qualifier les mouvements de la brosse appliquant une pâte colorée sur un support ? La théorie artistique issue de la Renaissance néo-platonicienne est longtemps restée étrangère à cette question pourtant centrale. La peinture était une poésie muette, le tableau était une image. On assiste en Italie au milieu du XVIIe siècle à l’émergence d’un nouveau vocabulaire. L’évolution du discours sur l’art évolue plus notablement encore dans la France du XVIIIe siècle avec le développement des expositions, la multiplication des dictionnaires et encyclopédies et l’importance nouvelle du marché de l’art et des catalogues de vente. La connaissance du vocabulaire en usage au XVIIe et XVIIIe siècles interroge notre propre vocabulaire descriptif du geste de l’artiste. Et l’on s’aperçoit que la manière de décrire celui-ci dépend moins d’une analyse rationnelle que des paradigmes culturels de chaque époque."

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    Jean-Antoine Watteau, Le Jugement de Pâris, vers 1718 - 1721, musée du Louvre

     

    Pour citer cet article :

    Jérôme Delaplanche, « Les mots du geste dans la France du xviiie  siècle », dans Barbara Jouves-Hann et Hadrien Viraben (dir.), Aux limites de l’étude matérielle de la peinture : la reconstitution du geste artistique, actes de la journée tenue à Paris le 28 septembre 2019 à l’Institut national d’histoire de l’art, Paris, site de l’HiCSA, mis en ligne en janvier 2021, p. 9-24.

     

  • Les graveurs à l’Académie de France à Rome

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    Sarah Linford et Devin Kovach ont publié un ouvrage précieux et fort documenté sur le rôle de Rome dans l'histoire de l'estampe jusqu'à sa pratique contemporaine : Force field, Rome and Contemporary Printmaking.

    J'ai eu l'honneur d'y contribuer avec un article sur la place de la gravure à l'Académie de France à Rome : "French Printmakers in Rome. The Case of the Villa Medici French Academy".

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    Jean-Pierre Velly, Rosa au soleil, 1968

    FORCE FIELDS Rome and Contemporary Printmaking
    Dirigé par Sarah Linford et Devin Kovach
    EAN: 978-8-86060-882-6
    Publication: décembre 2020
    224 pages

    publié par Palombi Editori et Temple University Press

  • Une tradition révolutionnaire - nouvelle parution

    L'Académie de France à Rome vient de faire paraître les actes du dernier colloque que j'avais organisé à la Villa Médicis et probablement celui qui me tenait le plus à cœur : Une tradition révolutionnaire. Les arts figuratifs de Rome à Paris 1905-1940

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    L’étude renouvelée de l’art du premier XXe siècle est apparue comme une nécessité inattendue au moment de la préparation de l’exposition sur l’histoire artistique de l’Académie de France à Rome, 350 ans de création.  L’ambition de l’exposition était de présenter de manière équilibrée toutes les périodes historiques de l’Académie en montrant ce que les pensionnaires avaient pu produire lors de leur séjour au sein de l’institution. Si les Houdon, Fragonard, David, Ingres et Carpeaux s’imposent d’eux-mêmes, s’il est toujours plaisant de valoriser Luc-Olivier Merson, Alexandre Cabanel ou Henri Régnault, le XXe siècle « académique » devenait tout de suite plus mystérieux.
    Pour se limiter à sa première moitié, les noms d’artistes que l’on pouvait regrouper n’occupent guère les cimaises des musées d’art moderne nationaux et encore moins les cours d’histoire générale de l’art de l’université française ou de l’École du Louvre. Quand bien même ils s’y trouvent présentés ou cités, c’est le plus souvent dans une optique dépréciative, selon l’accusation d’un art « antimoderne », la figuration traditionnelle devenant par essence « réactionnaire ».

    L’effort accompli depuis quarante ans pour étudier sans préjugé ni mépris l’art autrefois dit « pompier » n’a donc pas, selon toute apparence, été porté sur les décennies suivantes et sur les artistes attachés à une forme de continuité stylistique avec l’Antique et Raphaël. Le présent volume entend poser un jalon dans la connaissance de cette immense production artistique marginalisée par un positionnement idéologique et politique encore aujourd’hui omniprésent.

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    Robert Pougheon, Amazones (qui est la toile à l'origine de l'expression "tradition révolutionnaire" due au critique Raymond Bouyer), 1926, huile sur toile, 240 x 240 cm


    Cet ouvrage entreprend alors l'étude de cette part maudite de l’art français du premier XXe siècle, l’art « académique », au sens propre comme au sens figuré. Réécrire cette histoire de l’art en y intégrant des tendances longtemps écartées au nom d’un dictat moderniste qui s’est érigé en norme absolue du droit d’entrer ou non dans l’histoire, tel est l’objectif des auteurs de cet ouvrage. Il ne s'agit pas de remettre en cause la suprématie du moderne que de remettre à leur place les productions figuratives entre 1905 et 1940, en privilégiant celles, souvent décriées, des Prix de Rome.

    Cette publication permet ainsi de découvrir des artistes bien plus originaux et divers que ne le laisse prévoir le discours convenu, et il semble, dès lors, bien vain de se demander s’ils étaient académiques, antimodernes, modernes qui s’ignorent, voire d’arrière-garde…
    Et s’ils représentaient une tradition révolutionnaire, propre à faire exploser les rhétoriques et les positionnements idéologiques de notre discipline ?

     

    Une tradition révolutionnaire. Les arts figuratifs de Rome à Paris 1905-1940

    Sous la direction de Jérôme Delaplanche et Dominique Jarrassé
    Publié par l'Académie de France à Rome - Villa Médicis en partenariat avec le Centre François-Georges Pariset, Université Bordeaux Montaigne

    Ouvrage issu de l’atelier de recherche Autour des Prix de Rome 1905-1945 : l’art figuratif au temps de l’art déco (Académie de France à Rome – Villa Médicis : 14-16 mai 2018 ; Musée Bourdelle : Paris, 4-5 octobre 2018)

    Le sommaire se découvre en cliquant ici.

     

  • Femme, art et Italie - Parution du dernier numéro de Studiolo

    L'Académie de France à Rome - Villa Médicis vient de publier le dernier numéro de Studiolo, la revue annuelle du département d'histoire de l'art de l'Académie.

    La revue se compose de plusieurs rubriques : un dossier dont le thème change à chaque numéro, un varia qui contient des articles sans lien avec le thème annuel, une rubrique regards critiques qui regroupe des points de vue critiques et historiographiques et enfin les informations relatives aux activités scientifiques et patrimoniales de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.

    En tant que rédacteur en chef de la revue, j'avais eu plaisir de proposer comme thème de ce numéro la question de la place des femmes dans la création artistique. Depuis quelques temps, cette question agite vivement la sphère sociale, politique et culturelle. Il m'a semblé nécessaire que la revue Studiolo prenne part à ce débat en y apportant son regard rigoureux et savant.

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    En voici le sommaire :

     

    Dossier thématique : Femme, art et Italie

    Delphine Trébosc

    Catherine de Médicis, les collections de raretés et la monarchie des Valois : autopsie d’une pratique concertée

    Valeria Viola

    The Black Velvet Chair. Donna Margherita Alliata and the lost Chapel of Palazzo Villafranca in Palermo

    Alessandra Acocella

    Per una visione sperimentale dell’arte. L’attività di Lara-Vinca Masini negli anni Sessanta

    Laura Iamurri

    Un libro e una mostra per la storia delle artiste italiane del xx secolo: Il complesso di Michelangelo di Simona Weller, 1976

     

    dossier/champ libre

    Giulia Andreani

    L’image manquante : femmes pensionnaires au début du XXe siècle

    Stéphanie Solinas

    L'Inexpliqué (voile d’extase), 2018

     

    Varia

    Bertrand Madeline

    La Dame à l’hermine de Léonard de Vinci : sensuelle et sans suite

    Mathilde Bert

    Entre monochromie et tétrachromie. Pline dans la peinture italienne de la Renaissance

    Jean-Christophe Stuccilli

    Un tableau romain inédit. À propos d’une œuvre de Sebastiano Conca découverte dans une église de Haute-Savoie

    Pierre Sérié

    Sous la bannière italienne : maîtres anciens et nouvelle peinture au Salon de 1865

    Fausto Minervini

    Domenico Morelli e i meccanismi d’editoria: partenariato tra Napoli e Parigi

     

    Regards critiques

    Giacomo Biagi

    Sulla traccia della citazione. Achille Bonito Oliva: un’arte della critica tra effimero permanente e linguaggio come paralisi

     

    L’histoire de l’art à la Villa Médicis

    Alessandra Gariazzo

    La « Mission Patrimoine » de l’Académie de France à Rome

    Patrizia Celli

    Le donne e il Grand Prix de Rome

    Giulia Andreani

    La Neviera et la fresque retrouvée de Pierre Vieilledent dit Dionisi

    Morgane Hamon

    Les photographies de Gabrielle Hébert-D’Uckermann : une pensionnaire du quotidien à la Villa Médicis ?

  • Appel à articles - Studiolo 16

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    Publiée par l’Académie de France à Rome-Villa Médicis, Studiolo est une revue annuelle d’histoire de l’art dédiée aux échanges artistiques entre l’Italie, la France et l’Europe de la Renaissance à nos jours.
    Elle constitue un espace ouvert aux recherches les plus actuelles qui occupent l’histoire de l’art, dans ses objets comme dans ses méthodes.
    Chaque livraison comporte un dossier thématique, des varia, une rubrique regards critiques consacrée à l’historiographie et, dans la rubrique l’histoire de l’art à la Villa Médicis, une actualité des activités du département d'histoire de l’art et des chantiers de restauration de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. Enfin, dans champ libre, Studiolo ouvre ses pages aux pensionnaires artistes de l’année en cours.


    Dossier thématique :

    La main de l’artiste

    Dans ces murs voués aux merveilles
    J'accueille et garde les ouvrages
    De la main prodigieuse de l'artiste,
    Égale et sans rivale de sa pensée.
    L'une n'est rien sans l'autre


    Ces vers fameux de Paul Valéry formulent puissamment une idée centrale des théoriciens de l’art d’Alberti à Vasari qui cherchaient à montrer que l’art n’était pas une pratique simplement mécanique mais une expression supérieure de l’inspiration créatrice. Le glissement linguistique puis conceptuel de « main » à « manière » et de « manière » à « style » souligne l’importance des enjeux symboliques et spéculatifs à l’œuvre.
    La main de l’artiste devient progressivement le symbole même de la création artistique dans une interprétation démiurgique de l’artiste qu’incarne parfaitement, jusqu’à son accomplissement anagogique, La main de Dieu de Rodin (1902).
    Cependant, peu d’années plus tard, le premier ready-made de Marcel Duchamp provoqua une cassure esthétique qui renversa brutalement ce paradigme. De fait, tout au long du XXe siècle, une part toujours croissante de la production artistique jeta un regard critique et soupçonneux sur la pratique du beau métier et l’antique valorisation de la main.
    Le 16e numéro de la revue Studiolo s’intéresse à tous les enjeux conceptuels autour de la main de l’artiste dans une perspective aussi bien historique qu’historiographique sans négliger les questions de style et d’attributions.


    Les articles peuvent être publiés en trois langues, français, italien et anglais, et doivent être inédits. Dans les rubriques dossier, varia et regards critiques, les articles doivent être compris entre 30 000 et 80 000 signes (espaces et notes comprises). Dans la dernière rubrique histoire de l’art à la Villa Médicis, ils doivent être compris entre 10 000 et 50 000 signes (espaces et notes comprises).
    Les œuvres reproduites doivent être fournies par les auteurs et libres de droits.
    Les auteurs devront se charger de mettre en forme leur article selon les normes éditoriales de la revue.
    L’article doit être accompagné d’un résumé de 800 signes environ et d’une biographie de l’auteur de 800 signes également présentant ses fonctions, ses recherches en cours et ses publications récentes, et complété par son adresse électronique. Ce résumé et cette biographie sont transmis dans un document distinct.


    Tous ces documents sont à envoyer par courriel, au format Word, à Patrizia Celli, secrétaire de rédaction : patrizia.celli@villamedici.it


    Remise des articles : 15 décembre 2018
    Parution : fin 2019

    Directeur de la publication : Muriel Mayette-Holtz
    Rédacteur en chef : Jérôme Delaplanche
    Coordination éditoriale : Patrizia Celli et Cecilia Trombadori

    Comité de rédaction : Marc Bayard (Mobilier National), Olivier Bonfait (Université de Bourgogne), Maurice Brock (CESR, Tours), Luisa Capodieci (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Stefano Chiodi (Università di Roma 3), Elena Fumagalli (Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia), Sophie Harent (musée Magnin, Dijon), June Hargrove (University of Maryland), Michel Hochmann (EPHE) Dominique Jarrassé (Université de Bordeaux 3, École du Louvre), Fabrice Jesné (École Française de Rome), Annick Lemoine (Université Rennes 2, Festival de Fontainebleau), Christophe Leribault (Petit-Palais, Paris), François-René Martin (ENSBA, École du Louvre), Maria Grazia Messina (Università degli Studi di Firenze), Patrick Michel (Université Charles de Gaulle - Lille 3), Philippe Morel (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Pierre Pinon (CNRS), Rodolphe Rapetti (Ministère de la culture), Patricia Rubin (Institute of Fine Arts, New York), Tiziana Serena (Università degli Studi di Firenze), Anne-Elisabeth Spica (Université de Lorraine).

  • Ravissement

    ravissement.jpgLes représentations artistiques des scènes d’enlèvement sont des images à la fois sensuelles et extraordinairement dynamiques. Mettant en scène les rapports entre les sexes sur un mode à la fois passionné et conflictuel, elles ont permis aux artistes de déployer leur virtuosité dans la description du mouvement opposé, du muscle contracté et de la fuite contrariée.

    L'essai que je publie examine ce thème en questionnant les options iconographiques de l’artiste, ses recherches stylistiques et les implications culturelles et idéologiques des œuvres.

    Les différentes approches dans la manière de décrire des scènes d’enlèvements sont étudiées en fonction des sources (antiques souvent, mais parfois aussi littéraires ou populaires) mais également de l’intention expressive recherchée (agressivité et affrontement ou au contraire tendresse, abandon et complicité).

    Souvent, dans ce mélange de sexe et de violence, la qualité de victime n’est pas reconnue à la femme enlevée, bien au contraire : la femme a séduit l’homme par ses charmes, son corps ravissant a provoqué le désir de l’homme, ce dernier n’est donc pas entièrement responsable.

    La polysémie du mot ravissement, entre violence et jouissance, dit bien toute l’ambiguïté commodément entretenue par les poètes et les artistes. Je croise dans mon livre l’élaboration d’une morale sexuelle à partir de Platon et des Pères de l’Église, et le discours critique issu de la sphère universitaire féministe américaine. Entre ces deux pôles extrêmes, se tiennent les œuvres d’art et les travaux des historiens de l’art traditionnels.

    L’étude couvre une chronologie large qui va de l’Antiquité au XXIe siècle et concerne tous les supports : peinture, sculpture, dessin, gravure, cinéma, pratiques contemporaines.

    La publication comporte en annexe les sources textuelles qui définissent les sujets de cette riche iconographie d’un désir porté jusqu’à la saisie.


    Éditeur : Citadelles & Mazenod (7 mars 2018)
    Relié: 223 pages
    ISBN-10: 2850887501
    ISBN-13: 978-2850887505
    Dimensions du produit: 19,9 x 2,3 x 26,3 cm

  • Appel à article : Studiolo n° 15

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    Appel à articles

    Studiolo no 15 – 2018

     

    Publiée par l’Académie de France à Rome, Studiolo est une revue annuelle d’histoire de l’art dédiée aux échanges artistiques entre l’Italie, la France et l’Europe de la Renaissance à nos jours.

    Elle constitue un espace ouvert aux recherches les plus actuelles qui occupent l’histoire de l’art, dans ses objets comme dans ses méthodes.

    Chaque livraison comporte un dossier, des varia, une rubrique regards critiques consacrée à l’historiographie et, dans la rubrique l’histoire de l’art à la Villa Médicis, une actualité des activités du département d'histoire de l’art et des chantiers de restauration à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. Enfin, dans champ libre, Studiolo ouvre ses pages aux pensionnaires artistes de l’année en cours.

     

    Dossier Studiolo 15 :

     

     

    Femmes, art et Italie

                                                  

    Artistes, mécènes, inspiratrices… c’est à ces femmes que veut s’intéresser le prochain numéro de Studiolo. L’histoire de l’art est en quête d’elles et redécouvre progressivement le rapport privilégié qu’elles ont eu avec les œuvres. Du collectionnisme vorace d’Isabelle d’Este à la fièvre de bâtir de Catherine de Médicis, des peintures tourmentées d’Artemisia Gentileschi à la touche délicate de Rosalba Carriera ou aux installations singulières de Tatiana Trouvé, fatales ou muses, les femmes sont à la source de bien des créations.

    Dans le domaine extrêmement dynamique des études actuelles (historiques, anthropologiques, sociologiques, économiques…) s’ouvrent ainsi des champs d’investigation nouveaux autour de la spécificité féminine, afin de mieux saisir les diverses stratégies mises en place par les femmes pour légitimer leur pouvoir ou promouvoir leur réputation et leur carrière artistique.

    Longtemps écartées de l’apprentissage et de la pratique artistique, réduites à s’exprimer dans des genres secondaires, elles ont progressivement conquis autonomie et reconnaissance, réussissant peu à peu à concilier identité féminine et vocation artistique.

    Ce nouveau numéro de Studiolo interrogera la place et le rôle des femmes dans la création artistique en Europe, et notamment en Italie, de la Renaissance à aujourd’hui à travers différents éclairages : la formation des femmes artistes ; la création au féminin, notamment dans son rapport au masculin ; les grandes figures du collectionnisme et du mécénat au féminin ; l’influence des mouvements féministes sur la création artistique aux xxe et xxie siècles ; les femmes écrivant sur l’art ; ou encore la place des femmes dans les institutions culturelles en France et en Italie.

    Les articles peuvent être publiés en trois langues, français, italien et anglais, et doivent être inédits. Dans les rubriques dossier, varia et regards critiques, les articles doivent être compris entre 30 000 et 80 000 signes (espaces et notes comprises). Dans la dernière rubrique histoire de l’art à la Villa Médicis, ils doivent être compris entre 10 000 et 50 000 signes (espaces et notes comprises).

    Les œuvres reproduites doivent être fournies par les auteurs et libres de droits.

    Les auteurs devront se charger de mettre en forme leur article selon les normes éditoriales.

     

    L’article doit être accompagné d’un résumé de 800 signes environ et d’une biographie de l’auteur de 800 signes également présentant ses fonctions, ses recherches en cours et ses publications récentes, et complété par son adresse électronique. Ce résumé et cette biographie sont transmis dans un document distinct.

    Tous ces documents sont à envoyer par courriel, au format Word, à Jérôme Delaplanche, rédacteur en chef de la revue : jerome.delaplanche@villamedici.it

     

    Remise des articles : 15 décembre 2017

    Parution : fin 2018

     

     

    Directeur de la publication : Muriel Mayette-Holtz

    Rédacteur en chef : Jérôme Delaplanche

    Coordination éditoriale : Patrizia Celli et Cecilia Trombadori

    Comité de rédaction : Claire Barbillon (Université Paris Ouest Nanterre), Marc Bayard (Mobilier National), Olivier Bonfait (Université de Bourgogne), Maurice Brock (CESR, Tours), Luisa Capodieci (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Stefano Chiodi (Università di Roma 3), Elena Fumagalli (Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia), Sophie Harent (musée Bonnat-Helleu, Bayonne), June Hargrove (University of Maryland), Michel Hochmann (EPHE) Dominique Jarrassé (Université de Bordeaux 3, École du Louvre), Fabrice Jesné (École française de Rome), Annick Lemoine (Université Rennes 2, Festival de Fontainebleau), Christophe Leribault (Petit Palais, Paris), François-René Martin (ENSBA, École du Louvre), Maria Grazia Messina (Università degli Studi di Firenze), Patrick Michel (Université Charles de Gaulle - Lille 3), Philippe Morel (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Pierre Pinon (CNRS), Rodolphe Rapetti (Ministère de la culture), Patricia Rubin (Institute of Fine Arts, New York), Tiziana Serena (Università degli Studi di Firenze), Anne Spica (Université de Lorraine).

     

     

     

     

     

  • Dépaysé / Spaesato - Parution du dernier numéro de Studiolo

    Studiolo 13.jpgL'Académie de France à Rome - Villa Médicis vient de publier le dernier numéro de Studiolo, la revue annuelle du département d'histoire de l'art de l'Académie.

    Le dossier thématique de ce numéro 13 (2016) est consacré au dépaysement.

    "Mille motivations peuvent pousser l’artiste à voyager et à changer de pays. Mais sa sensibilité créative, une fois sur le lieu, est rarement épargnée par l’expérience du dépaysement. L’exemple de l’Italie est le plus fréquent dans la culture occidentale : depuis la Renaissance, le voyage vers la Péninsule par les artistes français et plus largement européens, et même d’encore plus loin, fut un mouvement pratiquement continuel tout au long des siècles. On s’y rend souvent à la recherche d’un modèle supérieur, l’Antique, Raphaël, mais on y trouve également autre chose, une lumière, une vie populaire, une campagne. La question du dépaysement permet ainsi de repenser les échanges entre l’Europe et l’Italie sous l’angle de l’étonnement et non plus seulement celui de la reconnaissance de la Patrie des Arts. Le voyage de l’artiste, qui est un des topos de l’histoire de l’art, est ainsi exploré par un éclairage différent, attentif à la part d’étrangeté, d’inattendu pour ne pas dire d’incongru. Car au fond cette expérience du dépaysement est celle de l’altérité.

    L’Italie est aussi une porte vers un plus lointain, un Orient qui désoriente, et ainsi le thème du dépaysé est l’occasion pour Studiolo de s’ouvrir vers des terres nouvelles, du « mystérieux Orient » à la « lointaine Afrique » et d’interroger la présence (coloniale ?) de nations étrangères. L’Académie de France à Rome elle-même est une institution dépaysée qui a pris sa place dans le paysage culturel italien. Mais ce dépaysement peut être exploré en sens inverse : il y a le regard de l’Européen sur le monde, mais également, et de plus en plus, le regard du monde sur l’Europe. Le dépaysement s’explore aussi sans mobilité, par la réception des apports de l’étranger."

     

    Sommaire

    Dossier : Dépaysé / Spaesato

    Tamara Dominici

    Quentin Metsys e l’Italia: immagini di un viaggio

    Gabrielle de Lassus Saint-Geniès

    Raphaël dépaysé par le siècle des Romantiques

    Juliette Milbach

    L’Italie des peintres soviétiques : un déracinement temporel

    Teresa Leonor M. Vale

    Uno scultore portoghese a Roma: José de Almeida (1708-1770) e l’Accademia di Portogallo nella prima metà del Settecento

    dossier / champs libre

    Lek & Sowat

    Adina Mocanu & Alexandra Sand

    Anne-Margot Ramstein & Laurent Bazin

     

    Varia

    Cécile Beuzelin

    Le sourire du Laocoon dans la Pala Pucci de Jacopo Pontormo

    Adriano Amendola

    Ripensare Ottavio Leoni. I rapporti con gli Orsini e un nuovo ritratto in piccolo

    Esther Theiler

    Valentin de Boulogne’s Portraits of Raffaello Menicucci: The Buffoon Count of Monte San Savino

    Rachel George

    Organisation et mise en place de l’atelier de l’Accademia di San Luca de Rome au primo Seicento

    Pascale Cugy

    Variations européennes autour des gravures de modes parisiennes. Commerce, copies et adaptations

    d’images d’habits sous le règne du Roi-Soleil

    Jean-Marc Hofman

    Une collection de plâtres méconnue. Les moulages de sculpture du Moyen Âge français de la Villa Médicis

     

    Regards critiques

    Bruno Chenique

    Géricault en Italie : libre arbitre et république du génie. Deux siècles de recherches (1816-2016)

    Dominique Jarrassé

    Usage fasciste de l’art colonial et dénis d’histoire de l’art. Les Mostre d’arte coloniale (Rome 1931 et Naples 1934)

    Myriam Metayer

    Art national ou art universel ? L’impérialisme des manuels et des synthèses publiés en Italie et en France : une relecture postcoloniale

    Carmen Belmonte

    Biografia di un dipinto. La Battaglia di Dogali di Michele Cammarano tra retorica coloniale e sfortuna espositiva

     

    L’histoire de l’art à la Villa Médicis

    Le département d’histoire de l’art de l’Académie de France à Rome

    Patrimoine

    Les chantiers de restauration à la Villa Médicis, 2015

    Sophie Kervran

    Le fonds graphique de l’Académie de France à Rome : une collection révélatrice de l’histoire de l’institution

    Lena-Maria Perfettini

    Catalogue raisonné des tableaux de chevalet de la Villa Médicis, hors portraits de pensionnaires

    Patrizia Celli

    L’Accademia di Francia e le conseguenze della Grande Guerra

     

  • Appel à article : Studiolo n° 14

    Appel à articles

    Studiolo no 14 – 2017

     

     

    Publiée par l’Académie de France à Rome, Studiolo est une revue annuelle d’histoire de l’art.

    Elle se compose de plusieurs rubriques : un dossier dont le thème change à chaque numéro, un varia qui contient des articles sans lien avec le thème annuel, une rubrique regards critiques qui regroupe des points de vue historiographiques et enfin les informations relatives aux activités scientifiques et patrimoniales de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.

    Tous les articles des différentes rubriques de Studiolo s’inscrivent dans une perspective italienne.

     

    Dossier Studiolo 14 :

     

    Désir

     

    En dépit de l’hostilité des défenseurs de la morale contre « le piège de la volupté charnelle » (saint Augustin), les artistes n’ont eu de cesse depuis la Renaissance de retranscrire dans la matière la sensualité du corps humain. Le modèle de l’Antiquité gréco-romaine imposait un monde de récits et d’images mettant en scène le désir et parfois le suscitant chez le spectateur. Le resurgissement à l’âge moderne de cet héritage créa alors une certaine tension entre la nudité admise de l’art classique et les pulsions de désir que ce dévoilement pouvait susciter. De l’image populaire au grand art, la création européenne a développé un goût pour l’érotisation du corps tout en entretenant un rapport complexe avec la nudité, comme l’a démontré par exemple Leo Steinberg dans l’image du Christ (1983).

    L’aptitude à modeler un corps que ce soit en peinture ou dans la terre, avec la sanguine ou le burin, repose indubitablement sur la sensibilité de l’artiste. Et c’est cette sensibilité que ressent le spectateur lorsqu’il regarde attentivement les formes et les ombres. Le modelé renvoie au sens du toucher. La vision se fait tactile et la lumière devient une caresse.

    Enfin, si l’œuvre d’art suscite un émoi, le seul fait même de convoiter ou de posséder l’œuvre semble s’appuyer sur les mêmes ressorts que la pulsion de désir. Le collectionnisme entretient un rapport amoureux avec l’objet d’art. Au xviie siècle, collectionner la peinture apparaissait comme un vice pour les prudes du temps.

    La question du désir est ainsi à la fois très centrale dans la création artistique et régulièrement refoulée. Terre d’origine des vestiges antiques, siège de l’Église catholique, patrie de Michel-Ange et de Caravage, de Titien et de Bernin, l’Italie se place à la croisée de tous les enjeux de cette riche problématique.

    Les articles peuvent être publiés en trois langues, français, italien et anglais, et doivent être inédits. Dans les rubriques dossier, varia et  regards critiques, les articles doivent être compris entre 30 000 et 80 000 signes (espaces et notes comprises). Dans la rubrique informations, ils doivent être compris entre 10 000 et 50 000 signes.

    Les œuvres reproduites doivent fournies par les auteurs et libres de droits.

    Si un article est retenu par le comité de rédaction, les auteurs devront se charger de mettre en forme leur article selon les normes éditoriales (disponibles sur le site de l’Académie de France à Rome www.villamedici.it).

     

    L’article doit être accompagné d’un résumé de 800 signes environ et d’une biographie de l’auteur de 800 signes également présentant ses fonctions, ses recherches en cours et ses publications récentes, et complété par son adresse électronique. Ce résumé et cette biographie sont transmis dans un document distinct.

    Tous ces documents sont à envoyer par courriel, au format Word, à Jérôme Delaplanche, rédacteur en chef de la revue : jerome.delaplanche@villamedici.it

     

     

    Remise des articles : 28 février 2017

    Parution : fin 2017

     

     

    Directeur de la publication : Muriel Mayette-Holtz

    Rédacteur en chef : Jérôme Delaplanche

    Coordination éditoriale : Patrizia Celli et Cecilia Trombadori

    Comité de rédaction : Claire Barbillon (Université Paris Ouest Nanterre), Marc Bayard (Mobilier National), Olivier Bonfait (Université de Bourgogne), Maurice Brock (CESR, Tours), Luisa Capodieci (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Stefano Chiodi (Università di Roma 3), Elena Fumagalli (Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia), Sophie Harent (musée Bonnat, Bayonne), June Hargrove (University of Maryland), Dominique Jarrassé (Université de Bordeaux 3, École du Louvre), Fabrice Jesné (École Française de Rome), Christophe Leribault (Petit-Palais, Paris), François-René Martin (ENSBA, École du Louvre), Maria Grazia Messina (Università degli Studi di Firenze), Patrick Michel (Université Charles de Gaulle - Lille 3), Philippe Morel (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Pierre Pinon (CNRS), Rodolphe Rapetti (Ministère de la culture), Patricia Rubin (Institute of Fine Arts, New York), Tiziana Serena (Università degli Studi di Firenze), Anne Spica (Université de Lorraine).

  • 350 ans de création - Exposition à la Villa Médicis

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    L'Académie de France à Rome célèbre les 350 ans de son existence avec une grande exposition à la Villa Médicis :

    350 ANS DE CRÉATION
    les artistes de l’Académie de France à Rome
    de Louis XIV à nos jours

    L’exposition, qui se tient du 14 octobre 2016 au 15 janvier 2017 et dont j'ai assuré le commissariat, permet de découvrir l’activité créatrice des artistes de l’Académie de France à Rome, pensionnaires et directeurs, lors de leur séjour romain.

    Elle présente plus d’une centaine d’œuvres créées à l’Académie de France à Rome de 1666 à nos jours par des artistes tels que Fragonard, David, Ingres, Berlioz, Garnier, Carpeaux, Debussy et Balthus. Le parcours se termine par une installation vidéo due à Justine Emard mettant en scène les œuvres de pensionnaires des dernières décennies.

    L'exposition est complétée par la programmation de deux concerts consacrés aux compositions d'anciens pensionnaires les jeudis 17 novembre et 8 décembre 2016. 

    Le projet est accompagné par deux autres expositions organisées à Rome par l’Accademia Nazionale di San Luca et l’Accademia di Belle Arti di Roma sur les relations entre les deux académies romaines et l’institution française.

    Ces trois expositions se concluront par un colloque organisé par les trois académies les 11, 12 et 13 janvier 2017 et intitulé Les Académies artistiques entre héritage et débats artistiques contemporains.

    Le catalogue de l’exposition de la Villa Médicis est publié par Officina Libraria (en français et en italien).

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  • Exposition Charles Le Brun

    Formidable exposition Charles Le Brun au Louvre Lens actuellement ! Coysevox.jpgLa dernière rétrospective un peu globale sur l'artiste datait de 1963 (par Jacques Thuiller à Versailles) et il reste toujours difficile de comprendre pourquoi les monographies sur le premier peintre de Louis XIV étaient depuis cette date pour ainsi dire inexistantes. Pourquoi cet artiste à l'activité si prodigieuse, à l’œuvre si central dans la culture française du Grand Siècle a dû attendre 2016 pour être célébré comme il se doit ? Peu importe en définitive car cette longue maturation a finalement abouti à une exposition parfaitement réussie, dont le commissariat est assuré par Bénédicte Gady et Nicolas Milovanovic, et à un catalogue somme. Il y avait bien eu quelques études ponctuelles sur des chantiers particuliers (de plus en plus nombreuses d'ailleurs ces derniers temps), l'inventaire des dessins du fonds du Louvre (2000) et naturellement la remarquable thèse de Bénédicte Gady. Nous avons désormais ce beau catalogue d'exposition, mais nous attendons impatiemment aujourd'hui la monographie chez Arthena, souvent annoncée et devant paraître prochainement.

    712202267_B978684881Z.1_20160518104143_000_GQO6QDABB.3-0.jpgL'un des premiers mérites de cette exposition est de faciliter le contact avec la peinture de Le Brun souvent très dispersée, mal visible dans les églises, cachée dans les collections privées. Voici qu'aujourd'hui on peut VOIR Charles Le Brun. Le Saint Jean à la porte Latine de Saint-Nicolas du Chardonnet si mal présenté ordinairement, sous un spot jaune infâme, apparaît à Lens dans toute sa splendeur. Les coups de pinceau d'un blanc crémeux sont superbes... Le drapé au centre de la Suzanne justifiée par Daniel est saisissant. Le bélier dont la laine se mêle au buisson dans le Sacrifice d'Isaac est confondant de virtuosité. Les Noces de Moïse et Séphora, l'un des tableaux de la toute fin de la vie du peintre, offrent un spectacle subjuguant.

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    Intelligente, inventive, généreuse, l'exposition met naturellement en valeur la variété exceptionnelle des activités de Charles Le Brun, montrant son actions et son intervention continuelle dans les arts décoratifs, pour les tapisseries, les sculptures, la théorie de l'art, et jusqu'aux fêtes royales...

    Souvent les expositions monographiques sont de redoutables épreuves pour les peintres qui deviennent vite lassant, répétitif et qui parfois dévoilent leur faiblesse. Le Brun est au contraire un esprit prodigieusement multiple et l'exposition comme l'artiste ne lassent jamais. C'est continuellement passionnant.

     

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    On aurait tant aimé y retourner dix fois. Cependant, le choix de cette localisation décentralisée est particulièrement cruel pour l'amateur d'art. (Avec un train qui arrive à 9h pour une musée qui ouvre à 10h, et pas un lieu pour attendre l'ouverture, aucun aménagement, pas même un banc pour s'asseoir). Heureusement, la galerie du Temps est toujours aussi agréable et stimulante.

  • Italie rêvée, Italie fantasmée - Parution du dernier numéro de Studiolo

    Studiolo 12 (2).jpgL'Académie de France à Rome - Villa Médicis vient de faire paraître (avec un peu de retard) le dernier numéro de Studiolo, la revue scientifique du département d'histoire de l'art.

    Le dossier thématique de ce numéro 12 (2015) est consacré à l'Italie rêvée, l'Italie fantasmée.

    "Sanctuaire des chefs-d’œuvre de l’Antiquité, cœur des innovations de la Renaissance, rivale de la France pendant le Grand siècle, l’Italie est devenue la patrie du Grand Tour, le chemin vers l’Orient, une terre d’accueil pour des artistes en quête de lumières prodigieuses, ou nostalgiques de la grandeur classique. Elle a été parcourue, rêvée ou fantasmée par nombre d’artistes. Son paysage apparaît alternativement comme un souvenir, une recomposition ou un protagoniste (dans le cinéma d’Antonioni ou de Fellini, par exemple). Depuis le fantasme de l’Italie idéale ou au contraire l'image de la malavita, l’allégorie ou la caricature, en passant par la célébration ou le monument (durant le Risorgimento), les Italie(s) sont multiples."

    Studiolo a ainsi constitué un dossier qui rend compte de quelques-unes de ces visions et mythologies, fantasmes ou représentations artistiques de l’Italie, de la Renaissance à nos jours.

     

     

     

     

     

    Sommaire:

     

    DOSSIER : Italie rêvée, Italie fantasmée

    Andrea E. Bell

    From Subject to Style in French Neoclassicism: Architectural Drawing in the Campagne

    Anna Jolivet

    L’artiste comme figure romantique. Un exemple de processus de mythification de l’école vénitienne en France au XIXe siècle

    Elena Marchetti

    Paul Flandrin in Italia (1834-1838), tra Ingres et Corot

    Sara Vitacca

    Les rêves de pierre: Gustave Moreau et l’inspiration des modèles sculptés de Michel-Ange

    Cecilia Ferrari

    Savonarola, 1935: le fantasme de Benito Mussolini, le fantasme de Jacques Copeau

    DOSSIER : CHAMP LIBRE

    Josephine Holvorson

     

    VARIA

    Clarisse Evrard

    La suite gravée des Vases de Jacques Ier Androuet du Cerceau (c.1511-1585), de l'anthologie d'estampes italiennes au cahier de modèles à vocation pédagogique

    Éric Pagliano

    Commencement potentiel «Se servir des inventions d'autrui» et les modifier

    Florian Métral

    L’art est une histoire de création. Retour sur la chapelle Chigi de Santa Maria del Popolo à Rome

    Costanza Barbieri

    Venezia a Roma: “la maniera disforme” di Sebastiano nella Loggia della Galatea

    Clovis Whitfield

    Domenichino and the ‘Carracci’ Landscape

    Alessandro De Stefani

    Modigliani alla Cité Falguière: la prima fase della scultura nel suo contesto immediato

     

    REGARDS CRITIQUES

    Elisa Coletta

    La descrizione della pittura: Louis Marin e Nicolas Poussin a confronto

     

    L’HISTOIRE DE L’ART À L’ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS, 2014

    Cécile Lebrenne

    Un portrait d’Ingres par Henry Lehmann, dernier hommage de l’élève au maître

    Emiliano Ricchi

    Balthus e i «décors Balthus» a Villa Medici. L’opera dell’artista e gli interventi del restauratore Angelo Arnolfo Crucianelli

    Patrizia de Culli

    L’Accademia di Francia nella Grande Guerra: storia di un microcosmo

     

    Studiolo n° 12 - 2015

    Italie rêvée, Italie fantasmée
    Coédition Académie de France à Rome – Villa Médicis / Somogy
    353 pages
    21,5 x 28,5 cm
    29 €
    ISBN 978-2-7572-211786
    ISSN 1635-0871
    Imprimé en Italie en avril 2016

     

    Le numéro suivant de Studiolo sera consacré au thème du dépaysement et sortira à la fin de l'année 2016.

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  • Nouvelle publication : un tableau n'est pas qu'une image

    couverture HDR.jpgLes Presses Universitaires de Rennes viennent de faire paraître ma thèse d'Habilitation à Diriger des Recherches que j'avais soutenue en décembre 2014.

    Voici le propos :

    La progressive prise en considération de la facture de la peinture dans la culture artistique du XVIIIe siècle est l’histoire d’un enrichissement du regard. La peinture était décrite jusqu’alors comme une fenêtre ou comme un miroir. Elle devint aussi une matière. Au commentaire d’une image s’ajouta le commentaire d’une surface. Nous sommes aujourd’hui entièrement redevables de ce retournement paradigmatique qui eut lieu vers 1760.

    Ce livre ambitionne d’expliquer de quelle manière la question de la nature picturale de la peinture devient peu à peu prééminente dans les esprits de  l’époque, jusqu’à fonder notre regard critique actuel. Il analyse les tensions et interactions entre le discours et la pratique, en partant du théoricien André Félibien jusqu’au peintre Jacques-Louis David.

    Textes et tableaux sont rassemblés autour de quatre lieux : (1) l’Académie et les textes théoriques ; (2) l’atelier et l'étude des pratiques ; (3) le Salon et la critique d’art  ; (4) la salle de vente et le vocabulaire des  catalogues de vente.

    Sur ce dernier lieu, la méthode statistique permet de suivre très finement l’évolution chronologique du champ lexical. Chargée de promouvoir les tableaux, cette nouvelle littérature artistique n’hésite pas à en souligner audacieusement les qualités proprement picturales.

    Une nouvelle voie s’ouvre alors, qui permettra, un siècle plus tard, à Delacroix d’affirmer précisément que « le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil ».

     

    On trouvera en accès libre sur le site de l'éditeur le texte entier de l'introduction.

    Je présenterai l'ouvrage au musée des Beaux-Arts de Tours le samedi 4 juin 2016 à 16h.

     

    Un tableau n’est pas qu’une image. La reconnaissance de la matière de la peinture en France au XVIIIe siècle, Rennes, Presses Universitaire de Rennes, collection "Art et Société", 2016

    Format : 17 x 24,5 cm
    Nombre de pages : 240 p.

    Illustrations : Couleurs et N & B

    ISBN : 978-2-7535-4370-6

    Disponibilité : en librairie
    Prix : 26,00 €

  • Appel à article : Studiolo n° 13

     

    Appel à articles

     

    Studiolo no 13 – 2016

     

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    Publiée par l’Académie de France à Rome, Studiolo est une revue d'histoire de l'art annuelle qui traite des relations entre l’Italie, la France et l’Europe. Elle se compose de plusieurs rubriques : un dossier dont le thème change à chaque numéro, un varia qui contient des articles sans lien avec le thème annuel, une rubrique regards critiques qui regroupe des points de vue critiques et historiographiques et enfin les informations relatives aux activités scientifiques et patrimoniales de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.

     

    Dossier de Studiolo no 13 :

     

    Dépaysé / Spaesato

    Mille motivations peuvent pousser l’artiste à voyager et à changer de pays. Mais sa sensibilité créative, une fois sur le lieu, est rarement épargnée par l’expérience du dépaysement. L’exemple de l’Italie est le plus fréquent dans la culture occidentale : depuis la Renaissance, le voyage vers la Péninsule par les artistes français et plus largement européens, et même d’encore plus loin, fut un mouvement pratiquement continuel tout au long des siècles. On s’y rend souvent à la recherche d’un modèle supérieur, l’Antique, Raphaël, mais on y trouve également autre chose, une lumière, une vie populaire, une campagne. La question du dépaysement permet ainsi de repenser les échanges entre l’Europe et l’Italie sous l’angle de l’étonnement et non plus seulement celui de la reconnaissance de la Patrie des Arts. Le voyage de l’artiste, qui est un des topos de l’histoire de l’art, est ainsi exploré par un éclairage différent, attentif à la part d’étrangeté, d’inattendu pour ne pas dire d’incongru. Car au fond cette expérience du dépaysement est celle de l’altérité.

    L’Italie est aussi une porte vers un plus lointain, un Orient qui désoriente, et ainsi le thème du dépaysé sera l’occasion pour Studiolo de s’ouvrir vers des terres nouvelles, du « mystérieux Orient » à la « lointaine Afrique » et d’interroger la présence (coloniale ?) de nations étrangères. L’Académie de France à Rome elle-même est une institution dépaysée qui a pris sa place dans le paysage culturel italien. Mais ce dépaysement peut être exploré en sens inverse : il y a le regard de l’Européen sur le monde, mais également, et de plus en plus, le regard du monde sur l’Europe. Le dépaysement s’explore aussi sans mobilité, par la réception des apports de l’étranger. Ce numéro thématique abordera ainsi les formes les plus diverses du dépaysement.

     

    Les articles peuvent être publiés en quatre langues : français, italien, anglais, allemand. Ils doivent être inédits et compter entre 30 000 et 80 000 signes, espaces compris. Les œuvres reproduites doivent être libres de droits et fournies par les auteurs.

    L’article doit être accompagné d’un résumé de 800 signes environ et d’une biographie de l’auteur de 800 signes également présentant ses fonctions, ses recherches en cours et ses publications récentes, et complété par son adresse électronique. Ce résumé et cette biographie sont transmis dans un document distinct.

    Les articles sont à envoyer par courriel, au format Word, à Jérôme Delaplanche, rédacteur en chef de la revue : jerome.delaplanche [at] villamedici.it

     

     

    Tous les articles proposés pour les différentes rubriques de Studiolo doivent s’inscrire dans la perspective italienne ou méditerranéenne propre à la revue.

     

    Remise des articles : 28 février 2016

    Parution : fin 2016

     

     

    Directeur de la publication : Muriel Mayette-Holtz

    Rédacteur en chef : Jérôme Delaplanche

    Coordination éditoriale : Patrizia Celli et Cecilia Trombadori

    Comité de rédaction : Claire Barbillon (Université Paris Ouest Nanterre), Marc Bayard (Mobilier National), Olivier Bonfait (Université de Bourgogne), Maurice Brock (CESR, Tours), Luisa Capodieci (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Stefano Chiodi (Università di Roma 3), Elena Fumagalli (Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia), Sophie Harent (musée Bonnat, Bayonne), June Hargrove (University of Maryland), Dominique Jarrassé (Université de Bordeaux 3, École du Louvre), Fabrice Jesné (École Française de Rome), Annick Lemoine (Université Rennes 2, INHA), Christophe Leribault (Petit-Palais, Paris), François-René Martin (ENSBA, École du Louvre), Maria Grazia Messina (Università degli Studi di Firenze), Patrick Michel (Université Charles de Gaulle - Lille 3), Philippe Morel (Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne), Pierre Pinon (CNRS), Rodolphe Rapetti (INHA), Patricia Rubin (Institute of Fine Arts, New York), Tiziana Serena (Università degli Studi di Firenze), Anne Spica (Université de Lorraine).

  • Le Désir et les dieux

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    Mon dernier livre paraît ces jours-ci aux éditions Flammarion. Il s'agit d'un ouvrage sur la mythologie et le désir amoureux. Depuis de longues années maintenant, je m'intéresse à la manière dont les peintres et les sculpteurs ont traité de la question du désir et de la pulsion sexuelle. J'avais déjà écrit en 2012 un article sur un aspect de cette question (voyez ici)

    Ce nouvel ouvrage aborde successivement les différents couples de la mythologie gréco-romaine, Mars et Vénus, Pluton et Proserpine, Apollon et Daphné, Vénus et Adonis, etc., en soulignant les interprétations personnelles de chaque artiste, la lecture du mythe qu'il propose, l'invention visuelle qu'il déploie pour séduire le spectateur le voyeur.

    J'ai cherché à mettre en résonance le surgissement créatif et l'invention esthétique avec l'image sensuelle, l'expression plastique du désir. Créer est une manifestation du désir.

    Ce livre a été écrit en collaboration avec la grande spécialiste de la littérature hellénique Françoise Frontisi-Ducroux qui présente les différents récits mythologiques à partir des sources antiques.

    L'ouvrage bénéficie en outre d'une introduction très inspirée écrite par Yves Bonnefoy.

    Wtewael.jpgJoachim Wtewael
    Mars and Venus Surprised by the Gods
    1610-14
    Getty Centre, Los Angeles

     

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    Merry-Joseph Blondel (1781 - 1853).
    Mort de Hyacinthe, 1810
    huile sur toile
    Musée Château Baron Martin, Gray

     

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    Apollon et Daphné
    Gustave Moreau (1826-1898)
    huile sur toile, H. : 0,320 m. L. : 0,250 m.
    Paris, musée Gustave Moreau

     

     

    Bonnard Pierre, Enlèvement d’Europe, 1919, Toledo museum of Art.jpg

    Pierre Bonnard
    L’Enlèvement d’Europe, 1919
    Toledo, Toledo Museum of Art
     

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    Hendrik Goltzius,
    1603
    huile sur toile
    Los Angeles County Museum of Art
     

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    Bartholomäus Spranger
    1596
    Vienne, Kunsthistorisches Museum

     

  • Un amateur d'art au XVIIIe siècle

    Nathalie Manceau vient de faire paraître sa thèse de doctorat consacrée à Guillaume Baillet de Saint-Julien (1726-1795) aux éditions Honoré Champion (Paris, 2014).

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    Si Baillet de Saint-Julien lui-même est peu connu, cette publication possède le grand intérêt de dresser un panorama complet du phénomène littéraire et culturel de la critique d'art d'art au milieu du XVIIIe siècle en offrant une présentation contextuelle élargie de la publication des "Salons". L'ouvrage va donc au-delà de l'étude monographique et sera très utile pour les étudiants en histoire de l'art.

  • "Pourquoi Wagner ?"

    La revue L’Éléphant vient de faire paraître son numéro 3 avec un dossier sur Richard Wagner. J’ai écrit un article présentant l’œuvre du compositeur-poète et j’ai ensuite interviewé l’un des meilleurs connaisseurs de Wagner de la jeune génération, Timothée Picard. Après l’histoire de l’art, l’œuvre de Wagner est en effet mon second domaine de spécialisation comme ont pu le constater ceux qui ont suivi le colloque du mois d’avril sur l’universalisme et l’identité.
    Ci-dessous, la première page, en manière de teasing :

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  • Un dossier "Peinture" dans la revue L'Elephant

    Le numéro 2 de la revue de culture générale L’Éléphant paraît ces jours-ci.


    Parmi les nombreux et très divers sujets abordés dans cette revue se trouve un dossier supervisé par mes soins et consacré à la peinture. La première partie de ce dossier est un article qui s’interroge sur la nature même de la peinture. Un tableau est-il une image ou une matière ? Que voit-on dans la peinture ? Notre approche souligne le rôle déterminant joué par les peintres vénitiens du XVIe siècle. Ce texte, qui constitue une forme de résumé des enjeux de la picturalité dans la peinture figurative, devrait fortement intéresser mes étudiants de 3e année de Licence de l’ICP puisqu’il s’agit précisément du thème de cette année !

    Ensuite,  j’ai eu le plaisir d’interviewer M. Philippe Dagen sur la place de la peinture dans l’art contemporain et particulièrement dans le contexte français. J’ai également recueilli les témoignages de deux jeunes artistes peintres, Romain Bernini et Axel Sanson, en les interrogeant sur le sens de leur pratique et sur leur expérience personnelle en tant que peintres en France aujourd’hui.

  • Peintures du XVIIe et du XVIIIe siècles pour le décor du château d'Eu

    La Société de l'Histoire de l'Art français est une société savante fondée en 1872 avec pour mission la promotion de l'étude de l'art français en particulier par la publication d'archives et de documents administratifs inédits comme les procès-verbaux de l'Académie royale ou les Comptes des Bâtiments du roi.

    La Société édite également un Bulletin qui fait paraître annuellement les travaux des chercheurs consacrés à l'art français du Moyen Âge à nos jours.

    Dans le numéro de 2011 (qui vient de sortir), rassemblant les travaux présentés à l'assemblée de la Société en 2010, se trouve un article écrit par mes soins et consacré au décor de l'appartement de l'aile de Bresle au château d'Eu sous Louis-Philippe.

    Le château d'Eu fut édifié en 1578 par  Henri de Lorraine, duc de Guise, dit « le Balafré ». Lorsque Louis-Philippe hérite du château et du domaine d'Eu à la mort de sa mère en 1821, il confie à l’architecte Pierre Fontaine la charge des travaux de restauration. Le château devient alors une résidence royale pour la famille d’Orléans qui y réside régulièrement. Fontaine construit également en 1827-1828 un bâtiment un peu en retrait, en contrebas le long de la Bresle.

     

    Ce bâtiment, qu'on appela aussi l’aile des Ministres ou « aile des vingt-deux chambres », abritait une salle du Conseil ainsi que des logements pour les ministres, ambassadeurs, médecins et généraux lorsque le roi et la famille royale résidaient à Eu. Jean Vatout, le principal historien ancien du château, précise ainsi la fonction et le décor de cette aile : « Les appartements du château étant devenus insuffisants pour loger toutes les personnes à qui le roi accorde l’honneur de l’accompagner dans ses voyages à Eu, S. M. a fait construire sur la Bresle, annexés au pavillon des bains, des appartements nouveaux décorés avec élégance. Les tableaux qu’on y a placés ne font pas suite à la collection de portraits qui est le caractère distinctif de la décoration du château d’Eu ; ce sont presque tous des sujets mythologiques. Ces nouveaux appartements ont nécessité, pour tous les services domestiques, de grands travaux qui font honneur au talent de M. Fontaine » L’aménagement de cette aile date de 1838.

     

    Résidence. Recueil de plans. Eu. 1831-1848

     (Archives des musées nationaux cote : 39 DD 2). Salle D.

     

    On trouve aux Archives des musées nationaux un recueil de planches donnant une description précise des élévations de chacun des murs des huit chambres de cet appartement, permettant ainsi de connaître le détail de la répartition des tableaux. Ces derniers avaient été prélevés dans les collections royales et provenaient d’anciens décors, fragments dispersés ornant à l’origine les pavillons de Marly, de la Ménagerie, du Grand Trianon, du rez-de-chaussée de Versailles ainsi que d’anciens cartons de tapisseries. Chaque composition fut ensuite transposée sur une nouvelle toile puis entourée par un faux cadre doré.

    Noël-Nicolas Coypel, Vénus, Bacchus et l’Amour, Paris, musée du Louvre.

    Aujourd’hui H.  2,68 sur L. 1,79, mais à l’origine H. 2,35 sur L. 1,38

    Anonyme, Fleurs dans un vase de bronze enrichi de bas-relief

    Fontainebleau, musée national du château


    À la chute du régime de la Monarchie de Juillet, la plupart des tableaux sont envoyés au musée du Louvre ou en dépôt au château de Fontainebleau. Les œuvres considérées comme appartenant à Louis-Philippe lui sont rendues. Elles sont vendues à Londres en 1857. Sur les 144 tableaux qui ornaient jadis l’appartement de l’aile de Bresle, nous en avons retrouvé 118 dont notre article dresse l'inventaire détaillé. Un grand nombre de ces toiles ne sont plus aujourd’hui exposées et ne trouvent nul usage. On pourrait imaginer la reconstitution d'une ou deux salles de ce décor aujourd'hui démantelé.

  • Une nouvelle revue

    Une nouvelle revue vient de faire son apparition dans les kiosques : L'Éléphant.

    Cette revue est entièrement consacrée à la culture générale : la définir, l'acquérir, s'en réjouir...

     

    Outre, naturellement, les différents dossiers culturels qu'elle propose, cette revue a l'originalité d'insister sur la question de la mémorisation. "Savoir c'est se souvenir" proclame-t-elle en couverture en citant Aristote.

     

    J'ai apporté ma modeste contribution à ce premier numéro avec un bref témoignage répondant à la question "A quoi sert la culture générale ?" qui était posée à 25 personnalités.

     

    Capture-d-ecran-2013-01-02-a-15.50.29.png

  • Louis XIV sur le champ de bataille

    Versalia, la revue de la Société des Amis de Versailles, publie ce mois-ci son 16e numéro annuel :

     

    J'ai écrit pour ce numéro un article (p.71-90) intitulé :

     

    "Louis XIV sur le champ de bataille :

    l'invention d’un héroïsme royal entre textes et images"

     

    dont voici le résumé :

     

       Avec la naissance de l’État moderne, le roi de France ne peut plus se battre. Pris dans le conflit entre l’idéal chevaleresque et les nouvelles exigences de l’absolutisme, Louis XIV chercha cependant sans relâche à éprouver la guerre dans sa chair, à en vivre les fatigues et en braver les dangers. Il était à la recherche d’un héroïsme qui lui était interdit.

       Après avoir rappelé les enjeux de la représentation du roi à la guerre entre langage allégorique et langage naturaliste, nous chercherons à mieux cerner l’attitude de Louis XIV sur le champ de bataille, l’emplacement où il se tenait, ce qu’il y faisait.

       Outre une iconographie louis-quatorzienne plutôt bien étudiée (récemment entre autres par Peter Burke, Thomas Kirchner, Gérard Sabatier et Marianne Cojannot-Le Blanc), nous nous sommes appuyés pour notre étude sur des textes d’auteurs pas ou peu sollicités par les historiens et les historiens de l’art mais qui se révèlent cruciaux pour notre problématique : le marquis de Dangeau, Jean Donneau de Vizé, Henri Philippe de Limiers et le marquis de Quincy.

  • La Méduse Murtola de Caravage

     

    Caravage est devenu avec les années un de ces noms singuliers de l'histoire de l'art qui, à peine cité, déclenchent immédiatement l'excitation médiatique. Comme pour Léonard de Vinci, toute réapparition d'une nouvelle œuvre est un événement quasi-planétaire. Les enjeux financiers devenant de fait considérables lorsque ces œuvres appartiennent à des collectionneurs privés, les enquêtes autour de la question de l'attribution prennent des proportions inédites. Ce fut ainsi le cas pour le beau portrait féminin de profil dit La belle princesse attribué récemment à Léonard de Vinci. Des analyses scientifiques précises ont naturellement été entreprises mais l'enquête a également pris la forme d'un livre, d'un documentaire télévisuel, de sites Internet, le tout sous le regard des médias. Parfois, souvent, cette excitation est plus nuisible qu'autre chose. On le voit actuellement avec les vaines tentatives de retrouver sous les fresques de Vasari au Palazzo Vecchio, la fameuse Bataille d'Anghiari de Léonard, au risque de malmener les peintures de Vasari.

    Le culte de l'artiste, de ces quelques artistes particuliers, de ces élus, atteint parfois des niveaux insensés avec par exemple les efforts entrepris pour retrouver les ossements de Caravage. Le nom de l'artiste acquiert presque une dimension sacrée. Dès lors, les questions d'attribution débordent du cercle des spécialistes et des connaisseurs ; on se souvient de la vaine agitation médiatique en 2006 autour de deux médiocres copies d'après Caravage conservées à Loches mais qui avaient été présentées comme des originaux par le maire de la ville.

    Au milieu de tant de passions et d'enthousiasmes contradictoires, il est une œuvre tout à fait singulière que nous voudrions présenter. Il s'agit d'une Méduse (50 sur 48 cm) attribuée à Caravage et qui semble bien être la première version du célèbre tableau du musée des Offices à Florence.

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    Caravage, Méduse Murtola, Milan, collection particulière

    La première fois que nous avons entendu parler de cette peinture et que nous en avions vu une (mauvaise) photographie, notre sentiment quant à l'attribution était plutôt mitigé. La comparaison avec la version de Florence nous semblait en défaveur de celle-là et nous ne comprenions pas que Caravage ait pu peindre une seconde version identique dans ses moindres détails.

    Mais face à l’œuvre, l'effet est tout autre. L'impression un peu désagréable de la forme du visage tel qu'on le voit sur la photographie trouve son explication dans la courbure de la surface qui naturellement tord les proportions. En revanche, en présence de l’œuvre, cette déformation s'évanouit instantanément. La qualité de l'exécution s'impose de surcroît comme une évidence. Et l'on reconnaît bien alors le style puissant de Caravage.

    Mais ce qui fait définitivement pencher la balance en faveur de l'attribution c'est que la réflectographie à infra-rouge dévoile le dessin préparatoire et les ébauches sous la couche picturale visible. On découvre ainsi les recherches et les tâtonnements de l'artiste pour trouver l'emplacement définitif des éléments du visage. Les difficultés rencontrées à cause des déformations de la perspective dues à la convexité de la surface ont entraîné des changements importants dans le placement des yeux et dans la forme de la bouche.

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    Réflectographie


    La présence de ces modifications du dessin préparatoire sous-jacent plaide assez naturellement pour l'hypothèse suivante : cette Méduse-ci est la première version. Le tableau du musée des Offices est donc une seconde version, de la main de Caravage également, réalisée cette fois sans tâtonnement grâce aux acquis de la première version et sur un bouclier de dimensions sensiblement plus grandes.

    En outre, l’œuvre comporte une "signature" (si c'en est bien une) : "Michel A f.” (pour Michel A[ngelo] f[ecit]) tracé avec le sang de la Méduse. Presque trop beau pour être vrai...

    Le surnom Méduse Murtola provient d'un madrigal composé par Gaspare Murtola en l'honneur du "bouclier de la Méduse, peinture de Caravage" qu'il aurait ainsi vu à Rome lors de son séjour dans la ville entre 1600 et 1602 (la version des Offices se trouvait à Florence depuis 1598).

    On pourrait s'attarder longuement sur tous ces aspects techniques, historiques et artistiques passionnants. Une étude détaillée et approfondie sur cette "Première Méduse" a été publiée récemment en 2011.

     

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  • Les représentations d'enlèvement à travers les arts

     

    Les Libres cahiers pour la psychanalyse viennent de faire paraître leur nouveau numéro, dédié aux Vies amoureuses. J'ai publié dans ce volume un article intitulé :

    "Images d'une pulsion. Les représentations d'enlèvement à travers les arts"

    Comme il s'agit d'une revue qui n'a pas pour usage de publier des illustrations, cet article est malheureusement sans images. Je profite donc de ce blog pour montrer les œuvres que je cite dans le corps de mon texte. 

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    Emmanuel Frémiet, Gorille enlevant une femme, 1887, Nantes, musée des Beaux-Arts

     

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     Alexandre Cabanel, Nymphe enlevée par un faune, 1860, Lille, palais des Beaux-Arts

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    Bernin, Enlèvement de Proserpine, 1622, Rome, Galleria Borghese

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    Corrège, Enlèvement de Ganymède, vers 1532, Vienne, Kunsthistorische Museum

     

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    Michel-Ange ?, Enlèvement de Ganymède, 1533, Cambridge (Mass.), Fogg Art Museum

     

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    Enlèvement de Ganymède, copie romaine d'un original grec, Venise, Museo archeologico

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     Pierre et Gilles, Ganymède, triptyque, 2001, Collection François Pinault

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     Titien, Enlèvement d'Europe, 1562, Boston, Isabella Stewart Garner Museum

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     Giambologna, Enlèvement d'une Sabine, 1583, Florence, Loggia dei Lanzi

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    Rubens, Enlèvement de Proserpine, vers 1615, Paris, muse du Petit-Palais

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    Rubens, L'Enlèvement des filles de Leucippe, 1616, Munich, Alte Pinakothek

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    attribuée au Peintre de Salting, Borée enlèvant Orithye, œnochoé à figures rouges, vers 360 avant J.-C., Paris, musée du Louvre





     

     

     

     

     


     

  • Envers et contre tous

     

    Les actes du colloque Art et violence organisé par René Démoris, Florence Ferran et Corinne Lucas Fiorato et qui s'était tenu à l'Université de Paris 3 - Sorbonne nouvelle en décembre 2010, viennent de paraître aux éditions Desjonquères.

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    Ma contribution à cette belle publication s'intitule :

      Envers et contre tous. La vie d'artiste selon Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville.

    Dans son Abrégé de la vie des plus fameux peintres (Paris, 1745, 2e éd. 1762), Dezallier d'Argenville décrit les efforts des artistes pour s'imposer dans une société qui se montre parfois hostile à l'expression de leur génie créateur. Les vies de Joseph Parrocel et de Noël-Nicolas Coypel sont très significatives à cet égard.

    Parrocel, peintre de bataille, s’est acquis une réputation d’artiste au caractère fiévreux, inventeur d’images sanglantes et furieuses. « Trop sincère pour être courtisan » nous explique Dezallier d’Argenville, Parrocel critiquait le caractère et la peinture de Van der Meulen, son concurrent direct, disant que « ce peintre ne savait pas tuer un homme ». Les biographes de Parrocel insistent sur ses conflits avec Jules Hardouin-Mansart dont il sort vainqueur par la seule qualité de son art. La figure de l’artiste fougueux qui déjoue les intrigues et l’emporte sur les gens de cour les plus en vue, plaît visiblement à Dezallier d’Argenville qui rapporte les péripéties et les bons mots à l’avantage du peintre.

    À l’inverse, la vie de Noël-Nicolas Coypel est émaillée d’humiliations et d’échecs qui se terminent par sa ruine financière. La mort de l’artiste est même mise directement en relation par ses biographes avec les procès et contrariétés qui empoisonnèrent son existence lors de son dernier et ambitieux chantier. Dezallier d'Argenville dresse un portrait attachant de cet homme prêt à tout sacrifier pour la grandeur de son art, quitte à y laisser sa fortune et sa santé.

    L’étude de ces deux carrières met en lumière les procédés historiographiques de Dezallier d'Argenville : celui-ci s'appuie autant sur les triomphes que sur les échecs pour réaffirmer le concept de la grandeur de l’artiste qui cherche à s'imposer envers et contre tous.


  • Une collection privée de dessins exposée au musée des beaux-arts de Rennes

     

    Christian et Isabelle Adrien sont des collectionneurs bien connus dans le monde de l'art ancien, en particulier dans le domaine du dessin. Le musée des beaux-arts de Rennes leur prête ses murs afin de montrer au public les plus belles feuilles de leur collection et d'en publier le catalogue scientifique. Comme l'explique Francis Ribemont, directeur honoraire du musée, dans l'avant-propos du catalogue, le principe d'une exposition présentant une collection privée dans un musée public n'est pas un geste anodin et aurait peut-être naguère soulevé quelques difficultés. Heureusement, les relations entre les musées, les collectionneurs et le marché de l'art ont beaucoup évolué ces dernières années. Ce qui reste toutefois encore un peu nouveau, c'est le caractère explicite de l'affichage de cette situation. L'exposition s'intitule en effet : Une collection particulière : les dessins de la collection Christian et Isabelle Adrien. Cette franche simplicité est plutôt rare car le plus souvent on opte pour un titre plus "poétique". Ce sera ainsi le cas pour une exposition prochaine au musée Jenisch à Vevey (Suisse) : La tentation du dessin.

    Mais le plus important reste naturellement l'intérêt des oeuvres présentées, ce qui est bien le cas ici avec un très bel ensemble de feuilles allant de la Renaissance au néo-classicisme, toutes écoles confondues. Le projet scientifique a été conduit sous la direction de Pierre Rosenberg. Nous avons participé à ce catalogue pour la rédaction d'une notice consacrée à un dessin original de Joseph Parrocel représentant le Triomphe de David.

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    L'œuvre date probablement de la dernière décennie de la vie de l'artiste, autour de 1700. De dimensions relativement importantes, elle illustre le goût de celui-ci pour les techniques mixtes et les «écritures confuses», mêlant librement les lignes, les taches, les traces de pinceau et les traits de plume. Le style de Parrocel est assez original au sein de la production de son temps. « Parrocel est nouveau dans tout ce qu’il a produit. On ne peut l’accuser d’avoir suivi aucun goût ; le ressouvenir de tout ce qu’il avoit vû, ne nourrissoit plus son génie ; il tiroit tout de son propre fond. » écrit Dezallier d’Argenville, son biographe au XVIIIe siècle.

    Ce Triomphe de David constitue en outre une sorte de résumé du parcours esthétique de son auteur : les deux côtés de la composition confrontent les deux pôles de son art. Il y a, d’un côté, sur la gauche, l’image de la vie militaire, ce rêve de guerriers, ces casques et ces armures, évocation qui se concentre dans le cavalier de dos en contre-jour, sur son cheval cabré, qui donne des ordres à ses troupes, silhouette admirable de nervosité et qui résume toute une inspiration de l’artiste. Et de l’autre côté, en pleine lumière, un groupe de jeunes filles charmantes, levant les bras, dansant et jouant de la musique, et dont les silhouettes sont animées par des accents de gouache blanche. Tout l’œuvre de Joseph Parrocel est comme tendu entre ces deux inspirations, l’une militaire et masculine, l’autre champêtre et féminine. Ce qui les unit, c’est la picturalité du traitement, la liberté des formes.

    Ajoutons un dernier mot sur le catalogue pour louer le travail de l'éditeur et cette très belle maquette, moderne et élégante.


  • Pour une approche typologique de la peinture de bataille

     

    Le Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine de l'Université de Nice Sophia-Antipolis vient de faire paraître dans les Cahiers de la Méditerranée les actes d'un colloque que Marie-Aline Barrachina et Jean-Pierre Pantalacci y avaient organisé du 19 au 21 novembre 2009 sur le thème : Guerres et guerriers dans l'iconographie et les arts plastiques.

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    Nous avions contribué à cette réflexion par une communication intitulée "Pour une approche typologique de la peinture de bataille du XVIIe siècle". Au sein de l'art classique, la peinture de bataille est un genre mal connu et souvent malheureusement peu apprécié. Elle est en effet perçue comme monotone et paradoxalement peu émouvante. Ignorant fréquemment les tenants et les aboutissants de l'affrontement représenté, le spectateur reste parfois indifférent. Cette peinture obéit à des codes de représentation bien particuliers qui peuvent donner l’impression d’une production un peu répétitive. La connaissance de ces codes et surtout de la manière dont les artistes jouent avec ceux-ci, offrent cependant d'intéressants points d’entrée. Notre article propose ainsi de donner les clefs de lecture de cette peinture à partir d'une typologie formelle.


  • L'idée et la ligne au musée de Grenoble

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    Le musée de Grenoble, qui s'était déjà distingué par sa remarquable politique de publication de son fonds de peinture ancienne, a entrepris depuis quelques années l'étude exhaustive des dessins de ses collections. Ce travail, assez considérable, s'organise selon les principales écoles artistiques : l'Italie, la France et les Pays-Bas. La publication prend la forme d'une exposition avec catalogue pour une sélection des plus belles feuilles et en parallèle la mise en ligne d'une base de données répertoriant l'ensemble des dessins pour chacune des écoles. Cette base est en cours d'élaboration et nous ne manquerons pas d'avertir nos lecteurs lorsqu'elle sera accessible sur Internet.

    En 2010, l'exposition et le catalogue De chair et d'esprit permettait de découvrir les plus beaux dessins italiens du musée de Grenoble.

    Cette semaine vient de s'ouvrir la deuxième exposition, L'idée et la ligne, consacrée celle-ci aux artistes français. L'accrochage est dû au talent de Guillaume Kazerouni qui a su proposer une présentation très claire et très pédagogique permettant de retracer une véritable petite histoire de l'art français. Le catalogue a été coécrit par lui, par Barbara Brejon de Lavergnée et par moi-même, et il s'ouvre par une préface de Pierre Rosenberg.

  • Jacob van Loo redécouvert

    Les éditions Arthena font paraître en ce début d'année une monographie remarquable sur le peintre hollandais Jacob van Loo (1614-1670), écrite par David Mandrella. La science de l'auteur et la qualité des reproductions permettent une vraie redécouverte du style de ce grand artiste encore trop méconnu.

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    Une part importante de l'œuvre de Jacob van Loo incarne le versant dit "classique" de l'art hollandais. Il existe en effet, au XVIIe siècle, en face de la peinture réaliste, de ces portraits et scènes de la vie sociale qui ont fait le succès de l'art des Pays-Bas du Nord de Rembrandt à Vermeer, une production picturale d'une inspiration très différente. Décrivant des scènes bibliques ou mythologiques à l'imitation des peintres italiens, ce "classicisme hollandais" (celui également de Gérard de Lairesse ou de Jacob Backer) emprunte une voie originale par rapport à la tradition "arcadienne" romano-bolonaise (qui court de Raphaël à Guido Reni). La description du récit classique y passe par le filtre du naturalisme. Tous ces mondes lointains redescendent sur Terre. Vélasquez expérimenta la chose avec succès, les frères Le Nain également. Le choc de ces univers opposés produit un résultat aussi inhabituel que troublant.

    Les sujets mythologiques forment ainsi une inspiration importante pour Jacob van Loo. Et ce qui frappe surtout dans ses tableaux, c'est le traitement du nu féminin. Comme l'écrit Jacques Foucart dans sa préface, ces nus "forcent l'attention". Le traitement réaliste des corps heurte nos habitudes et bouscule nos repères visuels.  Dans la culture du XVIIe siècle (et cela, depuis la Renaissance), le nu féminin est toléré s'il suit les règles formelles de l'idéalisation, c'est-à-dire s'il obéit à un canon bien précis calqué sur l'art antique. Or Jacob Van Loo propose une expérience visuelle résolument différente. Les figures de la mythologie sont incarnées par des femmes réelles. Il y a une réification de la femme idéale, littéraire et mythologique. Le nu en devient presque plus érotique. Mais c'est un érotisme alors très différent de ce que produiront par exemple François Boucher et les illustrateurs libertins du XVIIIe siècle. Le corps féminin chez van Loo ne cherche pas à être joli, aguicheur, "coquin" ou provocateur. C'est une nudité naturelle, ordinaire. Le résultat est "à la fois noble et prosaïque" (D. Mandrella). Si l'on osait le rapprochement, on pourrait dire que le travail de Jacob van Loo évoque presque la démarche de Nan Goldin pour qui le nu et la sexualité sont des choses de la vie quotidienne (Simon and Jessica in the shower Paris - 2001).

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  • L'ascension de Charles Le Brun

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    Les éditions de la Maison des Sciences de l'Homme viennent de publier dans la collection « Passages » (avec le concours du très actif Centre allemand d'histoire de l'art) la thèse de doctorat de Bénédicte Gady consacrée aux mécanismes d'ascension professionnelle, sociale et artistique de Charles Le Brun.

    Outre la masse documentaire, la précision et la rigueur scientifique, ce qui est remarquable dans cet ouvrage c'est la manière dont l'auteur nous fait partager les étapes de son enquête. On assiste avec elle, comme derrière son épaule, à l'exploration intellectuelle de cette matière historique et documentaire complexe. Le résultat est à l'opposé de bien des ouvrages savants où la somme des analyses est placée sous les yeux du lecteur, comme une masse indigeste. Nous sommes les témoins comblés d'une véritable prospection intellectuelle que renforce encore la qualité du style. Au-delà du sujet "Le Brun", c'est presque une philosophie de la science sociale que l'on savoure.