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Jacob van Loo redécouvert

Les éditions Arthena font paraître en ce début d'année une monographie remarquable sur le peintre hollandais Jacob van Loo (1614-1670), écrite par David Mandrella. La science de l'auteur et la qualité des reproductions permettent une vraie redécouverte du style de ce grand artiste encore trop méconnu.

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Une part importante de l'œuvre de Jacob van Loo incarne le versant dit "classique" de l'art hollandais. Il existe en effet, au XVIIe siècle, en face de la peinture réaliste, de ces portraits et scènes de la vie sociale qui ont fait le succès de l'art des Pays-Bas du Nord de Rembrandt à Vermeer, une production picturale d'une inspiration très différente. Décrivant des scènes bibliques ou mythologiques à l'imitation des peintres italiens, ce "classicisme hollandais" (celui également de Gérard de Lairesse ou de Jacob Backer) emprunte une voie originale par rapport à la tradition "arcadienne" romano-bolonaise (qui court de Raphaël à Guido Reni). La description du récit classique y passe par le filtre du naturalisme. Tous ces mondes lointains redescendent sur Terre. Vélasquez expérimenta la chose avec succès, les frères Le Nain également. Le choc de ces univers opposés produit un résultat aussi inhabituel que troublant.

Les sujets mythologiques forment ainsi une inspiration importante pour Jacob van Loo. Et ce qui frappe surtout dans ses tableaux, c'est le traitement du nu féminin. Comme l'écrit Jacques Foucart dans sa préface, ces nus "forcent l'attention". Le traitement réaliste des corps heurte nos habitudes et bouscule nos repères visuels.  Dans la culture du XVIIe siècle (et cela, depuis la Renaissance), le nu féminin est toléré s'il suit les règles formelles de l'idéalisation, c'est-à-dire s'il obéit à un canon bien précis calqué sur l'art antique. Or Jacob Van Loo propose une expérience visuelle résolument différente. Les figures de la mythologie sont incarnées par des femmes réelles. Il y a une réification de la femme idéale, littéraire et mythologique. Le nu en devient presque plus érotique. Mais c'est un érotisme alors très différent de ce que produiront par exemple François Boucher et les illustrateurs libertins du XVIIIe siècle. Le corps féminin chez van Loo ne cherche pas à être joli, aguicheur, "coquin" ou provocateur. C'est une nudité naturelle, ordinaire. Le résultat est "à la fois noble et prosaïque" (D. Mandrella). Si l'on osait le rapprochement, on pourrait dire que le travail de Jacob van Loo évoque presque la démarche de Nan Goldin pour qui le nu et la sexualité sont des choses de la vie quotidienne (Simon and Jessica in the shower Paris - 2001).

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