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Soutenance d'HDR

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Le mardi 9 décembre 2014 à 14h, je soutiens à l'université de Bourgogne de Dijon mon Habilitation à Diriger des Recherches (HDR).

Le titre du manuscrit inédit qui constitue la partie principale de mon dossier est :

La Peinture comme matière

La reconnaissance du faire de la peinture en France au dix-huitième siècle

 

 

Mon directeur de recherche est le Professeur Olivier Bonfait. Le jury est constitué de  :

Mme Michèle-Caroline Heck, Professeur, Université Montpellier III

Mme Jacqueline Lichtenstein, Professeur émérite, Université Paris Sorbonne

M. Christian Michel, Professeur, Université de Lausanne

M. Thomas Kirchner, Professeur, Université de Francfort sur le Main

M. Olivier Bonfait, Professeur, Université de Bourgogne

M. Christophe Leribault, Directeur du Musée du Petit-Palais à Paris

 

 

Voici un résumé de mon manuscrit :

La progressive prise en considération du « faire » pictural dans la culture artistique du xviiie siècle est l’histoire d’un enrichissement du regard sur la peinture. Cette dernière était décrite jusqu’alors comme une fenêtre ou comme un miroir. Elle devint aussi une matière. Au commentaire d’une image s’ajouta le commentaire d’une surface. Notre étude ambitionne d’expliquer de quelle manière la question de la nature picturale de la peinture devient peu à peu prééminente dans les esprits de l’époque. L’étude est structurée selon une approche chronologie en trois temps : 1670/1720 et les acquis de la Querelle du coloris ; 1720/1760 et la célébration du faire ; 1760/1790 et la discipline du surgissement, et autour de quatre lieux : l’Académie, le Salon, l’atelier, la salle de vente.

La première partie souligne les avancées théoriques des débats autour du coloris. Il apparaît que ce moment important en France de la réflexion sur l’art est resté très en retrait sur la question de la facture. De la couleur à la matière, il n’y a qu’un pas, mais qui fut bien rarement franchi. Pourtant, en prenant la forme d’une révolte contre une vision intellectuelle de l’art, la querelle du coloris a paru mettre le doigt sur une dimension fondamentale de la création artistique : sa nature sensuelle par-delà l’intelligence de l’image, ouvrant vers la dimension du plaisir.

Le deuxième moment, vers le milieu du xviiie siècle, voit le développement d’un vocabulaire attaché à la description de la facture des peintures. Un dialogue s’installe entre les pratiques nouvelles de la peinture contemporaine et les interrogations des critiques du Salon. Il est ainsi question de la visibilité de la touche en fonction de la distance du spectateur, de la vitesse d’exécution, du hasard des coups de pinceau et de la séduction opérée sur le spectateur par l’expression du « feu » de l’artiste. Charles-Nicolas Cochin est l’un des acteurs de cette reconnaissance nouvelle de la surface de la peinture.

Enfin, au tournant du siècle, la revalorisation du sujet et la sévère critique de la peinture rococo accusée d’être fausse et fardée semblent mettre un terme à la célébration de la facture. Les critiques d’art comme les théoriciens manifestent de la méfiance face à l’excès d’attention envers l’exécution. En revanche, les artistes – et comment pourrait-il en être autrement ? – continuent  de créer des œuvres dont le faire est toujours aussi savant même s’il s’appuie sur des effets moins visibles. L’imitation des marbres antiques n’est pas qu’une question de contour et d’un rendu lisse des formes. C’est aussi l’expression d’une densité. La touche n’est plus un ornement final mais une structuration progressivement englobée par les couches successives.

Méthodologiquement, notre projet de recherche analyse les tensions et interactions entre le discours sur l’art et la pratique de la peinture, de Félibien à David. Textes et œuvres sont étudiés dans leur diversité en examinant comment ils s’emparent de cette question et pour quels usages. Ils sont rassemblés autour de quatre lieux : l’Académie et l’ensemble des textes théoriques ; l’atelier et le témoignage des pratiques, aussi bien les documents écrits que les œuvres ; le Salon et la critique d’art ; la salle de vente et le vocabulaire des catalogues de vente. Sur ce dernier lieu, par exemple, la méthode statistique permet de suivre très finement l’évolution chronologique du champ lexical. Chargée de promouvoir les tableaux, cette nouvelle « littérature » artistique n’hésite pas à souligner et à désigner audacieusement les qualités proprement picturales des œuvres.

Chardin VLR.jpgJean-Siméon Chardin, Pipes et vases à boire, détail, Paris, Musée du Louvre

Photographie en lumière rasante par le C2RMF

 

 

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