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Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche

2015-05-03 027.jpgL'enchanteur musée Bourdelle dans le 15e arrondissement de Paris propose ce printemps une exposition passionnante sur ces partenaires des artistes, les modèles non de chair et d'os, mais de fer, de bois et de tissus, ces mannequins articulés dont l'usage dans les ateliers a été beaucoup plus important qu'on ne le croit ordinairement. Comme le fait remarquer la commissaire de l'exposition, Jane Munro, conservatrice au Fitzwilliam Museum et directeur d’études en histoire de l’art à l’Université de Cambridge, l'utilisation du mannequin va à l'encontre de la vision romantique de la création qui voudrait que le peintre fasse surgir son œuvre de ses mains, par sa seule virtuosité, cette grâce divine, et non à l'aide d'une technologie mécanique, là la camera oscura, ici le mannequin d'atelier. Il est certain que le moulage d'après le corps humain pour la sculpture naguère ou l'usage d'images projetées aujourd'hui (considérablement facilité par l'utilisation très répandue du vidéoprojecteur chez les peintres figuratifs contemporains) ne sont pas sans poser des questions ou susciter des réticences.

Mais l'exposition permet aussi d'entrer dans l'atelier de l'artiste et d'être les témoins de son travail. On touche ici à la question de la mise en œuvre et on répond à la fascination du public pour la dimension performative de la création.

L'exposition, riche et stimulante, est à la fois thématique et chronologique. Elle s'ouvre par la boîte-théâtre de Nicolas Poussin: une reconstitution de la machine que le peintre utilisait pour caler ses compositions, en particulier à la fin des années 1630 lorsqu'il travaillait à la série des Sept Sacrements.

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Un grand nombre de problématiques sont ensuite illustrées, comme la critique des tableaux réalisés à l'aide de ces mannequins ou encore la poésie troublante de ces corps immobiles. Les mannequins interrogent aussi le rapport au corps réel, à ses articulations internes, à son expressivité. En cela l'exposition renoue avec le travail de Philippe Comar, professeur à l’École des Beaux-arts de Paris dans son exposition de 2008 : Figures du corps, une leçon d’anatomie aux Beaux-arts dans ses galeries d’exposition.

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La visite se prolonge poétiquement dans le reste du musée par la disposition de deux mannequins dans les salles des collections permanente. Le musée, qui est déjà en soi un lieu magique, gagne encore en mystère. Notre seul regret : encore une fois, cette absurde interdiction de la photographie dans l'exposition (mais heureusement autorisée dans le musée.)

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