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  • Merveilles du Cabinet des Médailles

     

    Le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France, de son vrai nom Musée des Monnaies, médailles et antiques (ou encore Musée des Médailles et Antiques, on trouve les deux sur le site internet de la BnF), est un lieu un peu secret à Paris mais qui abrite des oeuvres merveilleuses. Certes, il est défavorisé par une présentation vieillissante et un peu austère, mais sa visite reste un enchantement. Un vaste projet de restructuration doit normalement être mis en oeuvre prochainement pour offrir enfin à ces collections de première importance le cadre muséographique qu'elles méritent.

     

     

     

     

     

     

    Le Cabinet des Médailles propose pour encore quelques semaines une intéressante exposition temporaire sur l'art de la médaille au XIXe siècle et au XXe siècle.

     

    Il est ainsi passionnant de voir le "conflit" en quelque sorte entre une technique et une forme on ne peut plus classiques et des sujets très modernes comme La compagnie de chemin de fer Paris-Lyon-Méditérranée, 1901, par Louis-Oscar Roty (auteur de la célèbre Semeuse qui a longtemps orné le franc) :

  • Peintures du XVIIe et du XVIIIe siècles pour le décor du château d'Eu

    La Société de l'Histoire de l'Art français est une société savante fondée en 1872 avec pour mission la promotion de l'étude de l'art français en particulier par la publication d'archives et de documents administratifs inédits comme les procès-verbaux de l'Académie royale ou les Comptes des Bâtiments du roi.

    La Société édite également un Bulletin qui fait paraître annuellement les travaux des chercheurs consacrés à l'art français du Moyen Âge à nos jours.

    Dans le numéro de 2011 (qui vient de sortir), rassemblant les travaux présentés à l'assemblée de la Société en 2010, se trouve un article écrit par mes soins et consacré au décor de l'appartement de l'aile de Bresle au château d'Eu sous Louis-Philippe.

    Le château d'Eu fut édifié en 1578 par  Henri de Lorraine, duc de Guise, dit « le Balafré ». Lorsque Louis-Philippe hérite du château et du domaine d'Eu à la mort de sa mère en 1821, il confie à l’architecte Pierre Fontaine la charge des travaux de restauration. Le château devient alors une résidence royale pour la famille d’Orléans qui y réside régulièrement. Fontaine construit également en 1827-1828 un bâtiment un peu en retrait, en contrebas le long de la Bresle.

     

    Ce bâtiment, qu'on appela aussi l’aile des Ministres ou « aile des vingt-deux chambres », abritait une salle du Conseil ainsi que des logements pour les ministres, ambassadeurs, médecins et généraux lorsque le roi et la famille royale résidaient à Eu. Jean Vatout, le principal historien ancien du château, précise ainsi la fonction et le décor de cette aile : « Les appartements du château étant devenus insuffisants pour loger toutes les personnes à qui le roi accorde l’honneur de l’accompagner dans ses voyages à Eu, S. M. a fait construire sur la Bresle, annexés au pavillon des bains, des appartements nouveaux décorés avec élégance. Les tableaux qu’on y a placés ne font pas suite à la collection de portraits qui est le caractère distinctif de la décoration du château d’Eu ; ce sont presque tous des sujets mythologiques. Ces nouveaux appartements ont nécessité, pour tous les services domestiques, de grands travaux qui font honneur au talent de M. Fontaine » L’aménagement de cette aile date de 1838.

     

    Résidence. Recueil de plans. Eu. 1831-1848

     (Archives des musées nationaux cote : 39 DD 2). Salle D.

     

    On trouve aux Archives des musées nationaux un recueil de planches donnant une description précise des élévations de chacun des murs des huit chambres de cet appartement, permettant ainsi de connaître le détail de la répartition des tableaux. Ces derniers avaient été prélevés dans les collections royales et provenaient d’anciens décors, fragments dispersés ornant à l’origine les pavillons de Marly, de la Ménagerie, du Grand Trianon, du rez-de-chaussée de Versailles ainsi que d’anciens cartons de tapisseries. Chaque composition fut ensuite transposée sur une nouvelle toile puis entourée par un faux cadre doré.

    Noël-Nicolas Coypel, Vénus, Bacchus et l’Amour, Paris, musée du Louvre.

    Aujourd’hui H.  2,68 sur L. 1,79, mais à l’origine H. 2,35 sur L. 1,38

    Anonyme, Fleurs dans un vase de bronze enrichi de bas-relief

    Fontainebleau, musée national du château


    À la chute du régime de la Monarchie de Juillet, la plupart des tableaux sont envoyés au musée du Louvre ou en dépôt au château de Fontainebleau. Les œuvres considérées comme appartenant à Louis-Philippe lui sont rendues. Elles sont vendues à Londres en 1857. Sur les 144 tableaux qui ornaient jadis l’appartement de l’aile de Bresle, nous en avons retrouvé 118 dont notre article dresse l'inventaire détaillé. Un grand nombre de ces toiles ne sont plus aujourd’hui exposées et ne trouvent nul usage. On pourrait imaginer la reconstitution d'une ou deux salles de ce décor aujourd'hui démantelé.

  • Colloque d'Histoire de l'art à l'ICP

    Nous organisons à l'ICP les 5 et 6 avril 2013 un colloque international d'histoire de l'art intitulé : L’œuvre d’art entre ambition identitaire et aspiration à l’universel.

     

    L’œuvre d’art porte en elle une tension : elle est tout à la fois le symbole d’une identité particulière et elle mène chacun vers un message d’ordre universel. Ce colloque aura pour ambition d'explorer cette double dimension de la création artistique à travers des communications couvrant un large champ géographique et chronologique.

    Le programme se trouve ici (cliquez pour agrandir) :

    ICP-Programme.jpg

    Et le détail des participants ici :

    ICP-Participants.jpg

    L'accès est libre dans la limite des places disponibles.

  • L'ange du bizarre

    Le musée d'Orsay présente depuis quelques jours une nouvelle exposition sur le "versant noir du romantisme" intitulée : L'ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst.

    Carlos Schwabe (1866-1926), La Mort et le fossoyeur, 1900 
    aquarelle, gouache et mine de plomb, H. 76 ; L. 56 cm 
    Paris, musée d'Orsay, conservé au département des Arts Graphiques du musée du Louvre
     Legs Michonis, 1902 © RMN (Musée d'Orsay) / Jean-Gilles Berizzi

    Cette exposition sur un sujet transversal mêlant les époques, les artistes et les techniques offre une vue d'ensemble passionnante sur une vraie problématique culturelle. Les expositions thématiques nous paraissent toujours plus excitantes intellectuellement que les expositions monographiques.

     

    Franz von Stuck (1863-1928) La Chasse sauvage, 1899, Huile sur toile, 95 x 67 cm

    Paris, musée d’Orsay, RF 1980 7

    © Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt


    L'Ange du bizarre s'inscrit d'ailleurs un peu, par son tropisme anglo-saxon, dans la continuité de l'exposition autour d'Oscar Wilde dont nous avions dit ici beaucoup de bien. Elle prolonge aussi très intelligemment l'exposition sur le néoclassicisme au musée du Louvre d'il y a deux ans. Certains tableaux sont d'ailleurs communs aux deux manifestations comme Le Cauchemar de Johann Heinrich Füssli.

     

    On avoue avoir été moins convaincu par la dernière partie de l'exposition consacrée à la postérité surréaliste. Alors que la structure du parcours était jusque là thématique, ce saut chronologique paraît un peu forcé. Comme s'il fallait se justifier et prouver coûte que coûte que la problématique a des liens avec l'avant-garde.

  • Outil de recherche en histoire de l'art

    La bibliothèque d'histoire de l'art de l'INHA vient de mettre en ligne la numérisation de catalogues de vente pour les années 1676-1763.

    C'est un outil qui facilitera considérablement le travail des chercheurs en histoire de l'art pour l'étude des provenances mais aussi pour l'histoire du goût.

    Ainsi, nous venons de trouver une indication intéressante dont nous n'avions pas connaissance au moment de la publication de notre thèse sur Joseph Parrocel (Arthena, 2006).

    Elle se découvre dans le catalogue d'une vente de dessins et d'estampes qui se tint à Paris le 22 février 1759. Au n°45, une série de vingt-six estampes de Joseph Parrocel appartenant à sa série sur la Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ est proposée à la vente avec le commentaire suivant : "dans le goût de Rembrandt".

    Cette expression assez fréquente sous la plume des auteurs du XVIIIe siècle est une manière très intéressante de qualifier une pratique de la gravure  attentive au clair-obscur mais aussi très libre dans son dessin, sans contour ni dureté. Les rapprochements entre l'art du grand maître hollandais et la pratique de Parrocel permettent ainsi de mieux saisir l'esthétique de ce dernier.

  • Sensualité et spiritualité au musée Henner

    Le musée Jean-Jacques Henner est un des musées les plus agréables de Paris. Avec le musée Delacroix, le musée Gustave Moreau, la maison Victor Hugo et le musée de la vie romantique, il fait partie de ces endroits un peu secrets qu'on aime voir préservés de la foule même si naturellement on leur souhaite le plus grand nombre de visiteurs. On attend avec une vive impatience la réouverture du musée Hébert, inauguré en 1978 et "temporairement" fermé depuis 2004.

    Le musée Henner présente actuellement une exposition sur la peinture religieuse fin-de-siècle autour de Jean-Jacques Henner. La problématique est immense et fascinante ; elle est ici traitée dans les limites naturellement de ce petit musée. La question de la représentation du Christ mort est une des plus obsessionnelles de l'histoire de la peinture occidentale et l'on rêve d'une grande rétrospective sur ce thème.

    Sensualité et spiritualité expose ainsi les recherches du peintre alsacien autour de la question du corps implorant et souffrant dans la peinture religieuse. Dessins préparatoires, ébauches et œuvres achevées sont mis en regard. La première salle montre les tâtonnements du jeune artiste, encore très académique et à l'étroit dans la tradition davidienne. Mais déjà, on pressent des choses nouvelles dans son Adam et Ève trouvant le corps d'Abel, 1858, ENSBA. La présentation d'autres artistes permet d'élargir le sujet : la remise en contexte est une obligation pour tout discours sur l'art. Cependant la (charmante) petitesse du musée oblige en conséquence à décrocher beaucoup d'œuvres d'Henner lui-même.

    Autre regret, l'omission des panneaux de salle et d'indications qui baliseraient le parcours (titre de salle, numérotation des sections du parcours) ; à la place, un "petit journal" est distribué à l'entrée, mais on regrette l'absence de ces repères usuels.

    Enfin, on se plaindra de la difficulté dans bien des cas de pouvoir voir les œuvres tout simplement : en effet, l'accrochage en hauteur et surtout le problème (probablement insoluble) des reflets constituent un cruel obstacle à la contemplation.

     

    Terminons par une note positive en soulignant le remarquable dynamisme de ce musée, les concerts, lectures, ateliers de dessin, projections de films qui y sont organisés, ses liens avec les blogueurs culturels, son propre blog, son compte Flickr, son compte Facebook, sans parler de son très sympathique personnel d'accueil.

    On nous annonce en outre l'ouverture prochaine d'un jardin d'hiver. Définitivement, le musée Henner est un des lieux les plus délicieux et les plus précieux de la capitale.